dimanche 9 novembre 2008

Le raccourci d'Andrea del Castagno

Si l'on en croit Vasari, Andrea del Castagno, qui aurait avoué sur son lit de mort le meurtre de son rival et ami Domenico Veneziano, était un brutal fortement épris de raccourci. La Cène du Cenacolo de Sant'Apollonia à Florence présente une particularité étonnante : la profondeur feinte de l'espèce d'alcôve dans laquelle se déroule le repas au cours duquel le christ prévoit sa trahison, est virtuellement gigantesque si l'on en croit le damier raccourci du plafond, si l'on interprète comme carrés équivalents aux panneaux de marbres exubérants qui nous font face, les six panneaux raccourcis des côtés. De même pour le carrelage du sol, damier de losanges tellement écrasés par la distance qu'ils en deviennent difficilement visibles, conséquence d'une folie du raccourci rarement atteinte.
C'est ce carrelage qui m'a donné l'envie non de le reconstituer mais d'en offrir un échantillon, moins maigre, moins réduit à des pointes qui voudraient être aussi offensives que les triangles soldats de Flatland, hargneux mais profondément bêtes puisque l'angle extrêmement aigu qui les caractérise ne peut contenir qu'une maigre quantité de cerveau.
(Flatland, de Edwin A. Abbott)

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