Hier soir fermait ses portes définitivement à Paris la rétrospective David Hockney ouverte au public au Centre Pompidou depuis la fin du mois de juin. Je lui avais rendu une visite que je pensais la toute dernière mercredi dernier, 18 octobre, et dans la file d'attente réservée aux abonnés et aux visiteurs munis de billets une jeune chinoise juste devant moi m'ayant demandé quelle expositions étaient ouvertes en ce moment je lui avais conseillé Hockney qui était sur le point de se terminer. "J'adore." Et si vous voulez nous pouvons la visiter ensemble. Quelle aubaine, je pouvais faire le tour complet de toutes les salles en lui révélant ce que je savais des œuvres et de l'artiste que je connais depuis octobre 1974, date de mon arrivée à Paris, veille de mon entrée à l'université pour y étudier l'art. La veille j'avais couru au Mac Mahon voir une fois et demi A Bigger Splash qu'un article paru dans le Elle acheté par ma sœur Hélène à Laval m'avait convaincu d'aller voir. On entrait au cinéma quand bon nous semblait à l'époque et on pouvait pour le prix d'une entrée revoir le film à satiété. Merveille, je découvrais des bribes de la vie de cet artiste qui une semaine auparavant m'était totalement inconnu et les œuvres de l'exposition étaient montrées en cours de fabrication dans le film. Et quoi, à l'heure de Support Surface, de l'art corporel, de l'art Conceptuel, du minimalisme dont j'avais connaissance par la revue Art Press, lue depuis son premier numéro à Orléans, on exposait rue de Rivoli, au Musée des Arts Décoratifs, un artiste anglais de trente sept ans qui dessinait aux crayons de couleurs, des portraits, des tulipes, des scènes d'intérieurs avec des hommes et une femme, toujours la même, Célia. J'étais resté longtemps devant les dessins aux crayons de couleur, étonné, charmé, intrigué. Je préférais les peintures des débuts, plus rugueuses, ornées de maladresses exquises, plutôt que de suivre une tendance à la ressemblance photographique que la chronologie dévoilait. Quatre fois je suis allé voir l'exposition, quatre fois je suis allé voir le film, seul ou avec un ami à qui je vantais les mérites de l'un et l'autre. A l'université j'ai compris, car je n'étais pas bête et que je lisais les revues, qu'il ne me faudrait pas me vanter trop haut d'aimer ce peintre anglais, David Hockney. J'ai néanmoins trouvé une personne, Claudine Roméo, avec qui j'avais découvert pouvoir m'en entretenir. Elle voyait tout comme moi des rapprochements sensibles entre Paul Klee et David Hockney. Et les jeux d'eau de David Hockney. Côté enseignement d'histoire de l'art, dans la toute nouvelle Fac de la rue de Tolbiac, empilement irrégulier de cubes bruns aux arêtes arrondies, j'avais un cours de cinéma, Jean-Paul Török nous y parlait de la Nouvelle Vague, j'ai eu l'occasion de faire un exposé sur un film quatre fois, Mes Petites amoureuses, de Jean Eustache, que je découvrais totalement. J'ai gardé de la chanson du générique un goût immodéré pour Charles Trenet. Jean-Paul Török avait publié dans Positif un article sur A Bigger Splash. J'avais un autre interlocuteur avec qui parler de David Hockney.
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